Ces mots résonnent en moi comme un appel au secours depuis environ une vingtaine d'années. Une petite remise en situation.
Nous sommes en septembre. Mon fils ainé entre cette année là en sixième, comme tous les parents, j'ai une petite appréhension, comment cela va-t-il se passer ? Ne va-t-il pas être trop perturbé ? Pour le moment cela va plutôt bien, pourvu que cela dure...
Et bien sûr, je surveille son travail, vérifie que les devoirs à la maison sont faits, et je le retrouve un après midi effondré devant un brouillon de rédaction. Je m'inquiète, je questionne, et le drame s'étale là devant moi :
"Le prof nous a donné un sujet de rédaction : Les couleurs de l'automne, il nous a dit de regarder autour de nous, les arbres, les buissons, et de décrire ce que l'on voit, les couleurs de l'automne, Oui mais maman autour de nous c'est tout vert !!!"
Et là je me dis que le jeune prof, venant peut être d'une autre région, certainement un peu stressé a cédé aux clichés, est allé à la facilité sans réfléchir, sans regarder autour de lui, car chez nous en septembre tout est vert, c'est d'ailleurs majoritairement vert tout au long de l'année.
Et depuis il ne passe pas une année où je ne guette les couleurs de l'automne, même si elles sont anecdotiques (d'autres régions sont mieux servies que nous en cette matière), même si elles se cachent, elles existent, mais ce que je trouve plus présent c'est une lumière, une ambiance, comme si on savait que bientôt il nous faudra rentrer au chaud nous terrer, hiberner. Le soleil qui s'accroche vers seize heures aux murs, qui perce entre les bâtiments et qui vient éclairer en transparence quelques feuilles jaunies. J'aime ces moments de fin d'après midi où la lumière est froide, où l'on sent que le moment de rentrer n'est pas loin, mais où l'on surprend si on lève la tête un reflet qui résiste.
Les joueurs de boules profitent de la dernière chaleur, les bruits sont feutrés comme enveloppés de mystère. Et je repense à ce poème, appris en classe, qui fait appel à tous nos sens, et pas seulement à la vue.
Odeur des pluies de mon enfance
Derniers soleils de la saison !
A sept ans comme il faisait bon,
Après d'ennuyeuses vacances,
Se retrouver dans sa maison !
(René Guy Cadou)
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